Le cancer de vessie est une maladie particulièrement agressive qui peut engager le pronostic vital. Il s’agit du 5ème cancer chez l’Homme avec 12 000 nouveaux cas/an en France, atteignant majoritairement les hommes et la population âgée de plus de 60 ans. Il est responsable de 3% des décès par cancer.
C’est aussi le cancer le plus cher en Europe pour nos systèmes de santé, du fait des nombreuses récidives et de la régulière et stricte surveillance imposée.
Le facteur de risque principal est le tabac. Mais il existe également des expositions professionnelles potentielles (amines aromatiques, benzène, hydrocarbures,…). L’irritation vésicale chronique, les antécédents d’irradiation pelvienne, la bilharziose (maladie parasitaire en Afrique et Moyen-Orient) sont également des facteurs de risque reconnus.
Le plus souvent, l’élément qui fait suspecter un cancer de vessie est la présence de sang dans les urines (hématurie). Mais d’autres symptômes peuvent alerter le médecin : brûlure urinaire sans infection, troubles mictionnels irritatifs, …
Pour confirmer ou non le diagnostic, une échographie de l’appareil urinaire est souvent réalisée par le médecin traitant. Mais cet examen ne dispense pas de la réalisation d’une cystoscopie (regarder avec une caméra dans la vessie) sous anesthésie locale.
La première étape consiste à réaliser l’ablation de la tumeur par voie endoscopique au bloc opératoire. Ceci permettra de déterminer le stade et le grade de la tumeur et donc son agressivité et son risque de récidive ou d’évolution.
Plusieurs études sont venues démontrer l’intérêt de la cystoscopie et de la résection de vessie en lumière bleue, avec une amélioration de la sensibilité de détection des tumeurs de 96% en lumière bleue versus 73% en lumière blanche conventionnelle, pour une spécificité identique. Cette sensibilité est d’autant plus flagrante pour le carcinome in situ, difficile de diagnostic, puisque les seuils de détection en lumière bleue étaient de 97% contre 46% en lumière blanche. Elle permet de ce fait une réduction du risque de récidive et de progression chez les patients ayant bénéficié de la fluorescence en lumière bleue, et potentiellement une réduction du risque de mortalité par cancer de vessie.
Pour se faire, un produit est donc injecté dans la vessie 1h avant l’intervention en hospitalisation, pour permettre à celui-ci de se fixer sur le tissu tumoral.
Environ 75% de ces tumeurs n’atteignent que les couches les plus superficielles de la vessie, c’est-à-dire n’envahissant pas le muscle vésical. Mais le risque de récidive est important, et la progression vers une infiltration du muscle vésical ou de la graisse peut conduire à la réalisation d’une chimiothérapie suivie d’une cystectomie (ablation de la vessie).
Une fois l’analyse réalisée par le médecin anatomopathologiste, chaque dossier est ensuite discuté en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) entre les chirurgiens urologues de l’équipe, les oncologues, les radiothérapeutes, les médecins nucléaires et les radiologues pour une décision adaptée à chaque cas sur la suite du traitement et de la prise en charge. Un plan de soin vous sera alors expliqué par votre urologue lors du rendez-vous post-opératoire.
En cas de tumeur n’atteignant que les couches superficielles de la vessie, il peut nécessiter de devoir refaire une intervention dite de « second look » avant d’envisager des instillations dans la vessie (BCG, Amétycine). Votre urologue pourra également vous proposer de rentrer dans un essai clinique en fonction des protocoles en cours au CHU de Rennes et de l’évolution des données scientifiques.
En cas de tumeur plus agressive touchant le muscle ou les couches plus profondes de la vessie, il faudra alors discuter de l’ablation de la vessie compte tenu de la gravité de la maladie. La chirurgie reste malheureusement inéluctable car elle reste le traitement le plus efficace et de référence pour obtenir toutes les chances de guérison. Celle-ci sera éventuellement précédée d’une chimiothérapie pour augmenter cette chance, et sera évaluée avec l’oncologue médical en fonction des autres pathologies du patient, de son âge et de sa biologie.
Chez l’homme, l’intervention consiste à enlever la vessie et la prostate (cystoprostatectomie) du fait de l’atteinte possible de cette dernière par la tumeur, et du risque de récidive au niveau de l’urètre prostatique en cas de préservation.
Chez la femme, la chirurgie réalisée est une pelvectomie antérieure qui enlèvera donc la vessie, et chez les femmes ménopausées, l’utérus avec les ovaires et la paroi vaginale antérieure du fait des risques d’envahissement de ces organes. Il peut parfois être discuté au cas par cas avec votre urologue la préservation des organes génitaux.
Dans le même temps, l’ablation des ganglions drainant la vessie sera effectuée (curage ganglionnaire extensif).
Cette chirurgie a lieu en grande majorité au CHU de RENNES en coelioscopie avec assistance robotique (ou chirurgie robot-assistée), faisant de notre équipe l’une des plus expérimentées en France dans le domaine.
Une fois la vessie retirée, différentes techniques de reconstruction sont envisageables en fonction de l’âge, des problèmes de santé du patient, mais aussi de son souhait. Cette dérivation est bien évidemment discutée au préalable avec le patient en consultation pour voir ce qui semble le plus adapté à chacun. Celle-ci se discute majoritairement entre un remplacement par une vessie en intestin (néovessie) ou une dérivation urinaire externe cutanée (Bricker). De façon plus exceptionnel peut être envisagé la réalisation d’urétérostomies cutanées si l’état du patient ne le permet pas.
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